Départementales : beaucoup d'élues, peu de présidentes

 

Grâce à la loi sur la parité, les conseils départementaux sont composés pour moitié de femmes. Mais très peu décrocheront une présidence.

 

Si les femmes occupent désormais la moitié des bancs dans les conseils départementaux, elles ne seront qu'une infime poignée, demain, à s'installer dans les fauteuils des présidences : 4 socialistes, 2 UMP (peut-être 3 ou 4) et 1 UDI... sur 101 départements (en incluant l'outre-mer).

Il reste du boulot !

Imposés aux conseils départementaux pour la première fois, les binômes homme-femme ont installé depuis ce week-end une parité d'apparence parfaite dans ces assemblées locales. Celles-ci formaient jusqu'ici l'institution la plus machiste d'entre toutes.. puisque, au sortir des élections de 2011, 13,9 % seulement de femmes siégeaient dans les conseils généraux et à peine 6 les présidaient. Parité quantitative sur le papier. Mais les hommes garderont les rênes du pouvoir.

Demain, lors de l'élection des présidents des conseils départementaux et de leurs exécutifs, la première marche des podiums sera très loin d'être équitablement partagée : 4 socialistes, Nathalie Sarrabezolles (Finistère),

Hermeline Malherbe (Pyrénées-Orientales), Geneviève Lagarde (Lot), Sophie Pantel (Lozère) ; 2 UMP, Martine Vassal (Bouches-du-Rhône), Christine Bouquin (Doubs) ; et peut-être Valérie Simonet (Creuse) et Brigitte Barèges (Tarn-et-Garonne) ; et 1 UDI, Nassimah Dindar, présidente sortante à la Réunion. « C'est la limite de la loi », convient Réjane Sénac, chargée de recherche au CNRS et présidente de la commission parité au Haut Conseil à l'égalité hommes-femmes : « La pente naturelle n'est pas au partage du pouvoir. La loi est nécessaire pour agir sur la proportion de candidates, elle érode les inégalités, mais sans remettre en cause l'exclusion des femmes du pouvoir », analyse-t-elle. La preuve : quatorze ans après les premières lois sur la parité applicables aux communes de plus de 1 000 habitants et aux régions, une seule femme préside une région et elles ne représentent que 16 % des maires, alors qu'elles sont 48 % de conseillères municipales ou régionales.

Le PS, avec 4 femmes présidentes (sur 33 départements à gauche) évite le zéro pointé. « Beaucoup de présidents sortants se représentaient » argue Christophe Borgel, chargé des élections au PS, pour qui la loi portera ses fruits au fil du temps. « La parité ne pouvait pas s'appliquer aux présidences d'exécutifs départementaux, en raison de la liberté de se présenter garantie par la Constitution », précise-t-il. Une réalité que le Haut Conseil à l'égalité propose de corriger, en imposant à toute collectivité (région, département, commune) où le président ou le maire est un homme que le n° 1 (premier adjoint, premier vice-président) soit systématiquement du sexe opposé. 28 % seulement des premiers adjoints des communes de plus de 1 000 habitants sont des femmes, et les délégations « continuent de refléter l'ordre sexué de la société. Les plus valorisées, comme l'urbanisme, les finances, sont les plus masculines. La famille, l'enfance, le social, fonctions maternantes dans la société, sont plus féminisées », soupire Réjane Sénac.