« Le féminisme n’est pas très actif dans l’éducation, dans les écoles et lycées. » C’est ce qu’a déclaré le mardi 3 juillet Agnès Varda lors de la conférence « Women In Motion » qui met à l’honneur les femmes du cinéma. L’artiste regrette le manque de dialogue avec les jeunes, tout en estimant « qu’il faut continuer le combat ». Mais qu’en est-il réellement de l’éducation au féminisme dans le système scolaire français ?
Face au manque de réaction du corps enseignant, c’est l’une des militantes du réseau féministe du lycée, Shanley, élève en Terminale L, qui a décidé de lancer un mouvement de mobilisation. Après le retentissement médiatique de ses actions, la lycéenne de 18 ans a rencontré la secrétaire d’Etat à l’Egalité femmes-hommes Marlène Schiappa en mai dernier, afin de lui livrer ses pistes contre le sexisme à l’école.
En effet, collégiens et lycéens seraient de plus en plus sensibilisés aux questions féministes et de plus en plus tôt, notamment grâce aux réseaux sociaux. Ainsi, ces élèves provoquent eux-mêmes l’opportunité de pouvoir étudier l’histoire du féminisme en classe. « Beaucoup d’étudiants en Première nous demandent de l’aide pour leurs sujets de TPE (travaux personnels encadrés) », se félicite Raphaëlle Rémy-Leleu, porte-parole de l’association Osez le féminisme.
Des volontés individuelles donc, mais qu’en est-il en matière de politique éducative ? Outre des ateliers dans quelques écoles lors de la journée Internationale du droit des femmes le 8 mars, les gouvernements successifs tentent tant bien que mal d’insuffler un peu plus d’égalité à l’école. On se souvient de l’échec du projet de loi des ABCD de l’égalité en 2014, devant lutter contre les stéréotypes filles-garçons, rapidement abandonné par le gouvernement de l’époque après une violente polémique.
Néanmoins, dans une interview accordée à L’Express en mai dernier, Marlène Schiappa annonçait vouloir créer plusieurs dispositifs pour promouvoir l’égalité à l’école.
A partir de la rentrée 2018, trois séances obligatoires de sensibilisation à l’égalité filles-garçons et à la sexualité seront mises en place dans les collèges et lycées. Un « référent égalité » sera présent dans chaque établissement pour superviser les opérations de sensibilisation. Il sera également chargé de remonter les problèmes signalés par les élèves.
Les enseignants auront aussi la possibilité de suivre des formations de sensibilisation. L’objectif : faire en sorte que les professeurs puissent enseigner de manière « plus féministe », mais surtout, les aider à mieux prévenir les violences sexistes dans leurs classes.
Des initiatives trop peu concluantes selon Raphaëlle Rémy-Leleu : « Ce qui est prévu de la part de l’Etat est loin d’être suffisant. Le plus grand problème rencontré reste le budget alloué à l’égalité femmes-hommes qui reste assez faible. »
La porte-parole d’Osez le féminisme se réjouit toutefois des initiatives de certains proviseurs, enclins à faire évoluer les choses : « Nous sommes beaucoup sollicitées de la part de chefs d’établissements eux-mêmes pour intervenir auprès des élèves. C’est encourageant. » L’association prévoit d’ailleurs plusieurs actions à destination des lycéens pour la rentrée 2018.
Le féministe dans l'éducation nationale quelques exemples :
"Nous, collectif d'enseignants et enseignantes (collectif Égalité Enseignement), mais aussi simplement personnes soucieuses d'éducation et de parité, femmes et hommes, demandons donc:
- La suppression de cette remarque misogyne dans le rapport du concours de recrutement du CAPES 2016;
- Une réelle réflexion de la part de l'Éducation nationale sur la parité, à tous niveaux d'enseignement et de responsabilités;
- La mise en œuvre de mesures concrètes pour la revalorisation du métier de professeur-e."
Une des doctrines prioritaires du féministe :
"On retrouve là la rengaine égalitariste, qui érige en système l’égalité absolue au détriment de chacun. L’enjeu n’est plus de donner à chacun les éléments pour pouvoir s’épanouir dans ses propres choix de carrière, de vie, l’enjeu devient de plaquer un système unique pour tous visant à un résultat d’égalité apparente parfaite, à base de pourcentage, au moins 40% d’hommes ou de femmes par métier, pour pouvoir dire que l’égalité est là incontestable. Mais où est la liberté ?"