Nous pouvons voir de plus en plus au sein des entreprises la mise en place par les directions des ressources humaines de campagnes favorisant la parité. On peut par exemple regretter la très faible présence des femmes au sein des conseils d’administration ou les disparités salariales! Faire évoluer la parité, comme cela a été le cas pour les candidatures aux élections municipales et législatives, est très certainement une bonne chose.
Mais cette juste question de la parité me semble occulter d’autres enjeux que je soulignerai par ce paradoxe :
Les organisations deviennent « matriarcales » et ce sont toujours les hommes qui sont au pouvoir !
Y aurait-il d’autres lignes de fracture, moins sociologiques, plus symboliques en oeuvre au sein des organisations ?
Essayons d’y voir plus clair et faisons rapidement une mise en perspective historique. C’est au début des années 80 que nous avons vu une évolution majeure dans l’organisation des grandes entreprises : le passage d’un modèle pyramidal à un modèle matriciel. Cela a commencé par les sociétés informatiques (IBM) puis peu à peu s’est diffusé vers l’industrie traditionnelle (Renault). C’est ce que dans l’univers automobile, on a pu nommer le passage du fordisme au toyotisme.
Le modèle organisationnel pyramidal à autorité hiérarchique a prédominé longtemps.
L’autorité venant d’en haut, descendant en cascade, s’est très bien accommodé de son pendant symbolique et anthropologique : le paternalisme.
L’image du patron : le père. Le bon père dans le cas du paternalisme social… mais bien souvent l’autoritarisme dure. C’était cependant un temps où on parlait de gestion du personnel. De gestion des personnes.
L’arrivée de l’organisation matricielle, et son principe de double rattachement (hiérarchique et fonctionnel) voit l’exercice de l’autorité devenir plus englobante, plus participative. Plus difficile aussi de s’y repérer. On passe du commandement au management, de la gestion du personnel à la direction des ressources humaines.
Cette logique matricielle s’accentue encore actuellement avec l’arrivée d’organisations basées sur les nouvelles technologies de l’information qui sont de moins en moins hiérarchiques avec des matrices organisationnelles en plusieurs dimensions où la personne rapporte à plusieurs acteurs. La verticalité hiérarchie y est faible, le mode de fonctionnement en projet prédomine.
Une lecture psychanalytique de cette évolution soulignerait qu’autant le mode pyramidal se rattache au patriarcat, au père, autant le mode matriciel (la matrice) se rapporte à la mère.
Le patriarcat est bien en déclin dans notre monde moderne et pas seulement d’un point de vue anthropologique mais bien aussi d’un point de vue organisationnel. Et l'on a trop tendance à confondre le patriarcat avec le machisme et son manque de savoir vivre.
Si le pouvoir s’exerce donc de façon plus distante, plus indirecte dans une symbolique englobante plus « maternelle », ce pouvoir peut être en abus de pouvoir aussi bien pour les hommes que pour les femmes!
N’y a t’il pas aujourd'hui dans le respect la possibilité de passer à un sens plus harmonieux entre le masculin et le féminin ?
De ce point de vue une meilleure parité homme-femme au sein des organisations est sans doute une chance pour plus de dialogue, de respect et de compréhension entre les hommes et les femmes. il y a aussi le risque de voir une accélération d’un antagonisme contemporain féminisme-machisme. Nous aurons le choix entre une parité de paix avec un nouveau savoir-vivre ou une guerre des sexes.
Fabrice Lang
Consultant coach
Un exemple de réflexion idéologique, la confusion entre mixité et égalité devient importante :
http://www.madmoizelle.com/francetv-cliches-sexisme-514831
" Le problème lorsque tout un secteur d’activité ou une profession est non mixte, c’est que le pool de talents disponibles est réduit à la moitié des possibilités ! "