Le féminisme est un constructivisme

Publié sur contrepoints.org

le 2 décembre 2012 dans Sujets de société

Les féministes sont particulièrement habiles pour se cacher derrière l’égalité pour prôner la réintroduction de l’inégalité en droit.

Par Jan Krepelka.

L’égalité, la vraie, c’est l’identité des droits de tous. L’égalité entre hommes et femmes, l’identité des droits entre hommes et femmes, donc, consiste simplement à rayer les mots « homme » et « femme » des textes de lois. Ni plus, ni moins.

Les féministes, en proposant d’utiliser la violence étatique pour imposer des quotas de femmes, notamment, veulent donc réintroduire le genre dans la loi. Autrement dit, revenir en arrière sur l’égalité, la vraie, pour, la remplacer par l’imposition par la violence de leurs idées à elles, leurs propres préférences, sur ce que « devrait » être la composition de la société.

Le constructiviste Couchepin estimait que la part de fumeurs de cigarettes dans la population devrait être à 20%. Utiliser la violence étatique pour réaliser cette préférence ne semblait pas lui poser de problème. Les féministes, elles, ont décrété un taux tout aussi arbitraire de 50% de femmes pour certaines activités, jusqu’à l’absurde :

Dans le sport, la parité devra être observée dans les fédérations d’ici à 2014.

Il n’est pas clair s’il faudra interpréter cela comme devant conduire à des équipes de foot de 5 hommes, 5 femmes, et un(e) hermaphrodite, mais après tout, l’article précise bien que c’est d’égalité « réelle » qu’il faut parler.

Naturellement, les autres instruments constructivistes ne sauraient être laissés de côté :

un ministère aux Droits des femmes,

un Haut Conseil à l’Égalité,

de la propagande étatique à la Télévision du régime,

de l’endoctrinement des enfants,

de la manipulation statistique grossière pour prétendre que les femmes seraient moins payées que les hommes (cumulée au non sequitur que si c’était le cas, l’État devrait intervenir).

Bref, comme souvent, les mots sont trompeurs, et les constructivistes (au féminin aussi), sont particulièrement habiles pour se cacher derrière l’égalité pour prôner la réintroduction de l’inégalité en droit. Et naturellement, cela fait toujours un prétexte de plus pour étendre la sphère d’influence de l’État, et se servir de son monopole de la violence « légitime » pour imposer certaines préférences parfaitement subjectives.

 

Najat Vallaud-Belkacem : Liberté, Égalité, Sororité

Publié

le 1 décembre 2012 dans Sujets de société

Pour l’égalité des sexes, le gouvernement souhaite « agir sur les mentalités ». Une revue des moyens de Najat Vallaud-Belkacem.

Par Baptiste Créteur.

Quand la société ne répond pas aux objectifs des collectivistes, ils cherchent à « agir sur les mentalités » avec des moyens pourtant très matériels – et, accessoirement, liberticides.

Najat Vallaud-Belkacem, ministre des droits des femmes, souhaite que les mentalités changent pour qu’hommes et femmes soient, enfin, égaux. Elle détaille l’arsenal de mesures prises pour favoriser cette égalité : gouvernance, éducation, sanctions. Le grand bond en avant du féminisme, c’est maintenant.

Une fois la petite leçon d’esquive donnée en transformant un jugement des Français sur la lenteur de l’action gouvernementale en jugement sur le niveau de leurs attentes, la ministre nous explique que « Tous les projets de loi font l’objet d’une étude d’impact sur l’égalité entre les sexes » – oui, tous les projets de lois, qu’ils concernent l’automobile, l’énergie, la grande consommation ou le travail. D’ailleurs, chaque ministère dispose désormais d’un « haut fonctionnaire à l’égalité », et « Les ministres eux-mêmes ont participé à des séminaires de sensibilisation ».

On découvre également des féministes de tous sexes au gouvernement :

Certains ministres sont des féministes convaincus, comme Michel Sapin ou Aurélie Filipetti. Vincent Peillon s’est révélé un très bon partenaire. Il sait que la question de l’égalité entre filles et garçons est centrale dans la réussite scolaire. Le fait que les garçons décrochent en lecture au collège explique en partie la chute de la France dans le classement PISA de l’OCDE.

La chute de la France dans le classement PISA ne s’explique bien sûr pas par un système scolaire qui touche le fond et que l’on veut pousser à creuser encore ; Vincent Peillon est décidément un très bon partenaire, qui fait primer l’égalité entre les sexes sur l’éducation. Ce qu’il faut également comprendre, c’est que l’égalité entre les sexes doit être imposée, parce que laisser les gens décider n’est pas une bonne chose (ils pourraient exprimer autre chose que ce que la ministre souhaite) :

En matière d’égalité professionnelle, nous travaillons à l’émancipation des femmes, mais aussi à ce que les hommes puissent mieux concilier leur vie professionnelle et personnelle. Ils le demandent.

On ira donc sans doute alourdir un peu le code du travail, pour l’agrémenter de moyen d’émanciper les femmes et de permettre aux hommes d’avoir un vie plus équilibrée, qu’ils le veuillent ou non. La faute au sexisme, qui est partout et qu’on porte en soi dès l’enfance :

Tous les pays ont un fond de sexisme. Dès le plus jeune âge, on enferme les sexes dans des rôles préétablis. Ces représentations ont justifié pendant des années qu’on n’accorde pas le droit de vote aux femmes. Aujourd’hui, on continue à réduire le champ des possibles pour les filles. Elles réussissent mieux à l’école que les garçons : pourtant la moitié des femmes actives est concentrée dans 12 familles professionnelles sur 87.

On réduit le champ des possibles pour les filles : avec leurs meilleurs résultats scolaires, elles choisissent les filières qu’elles veulent et apparemment, leurs aspirations sont concentrées sur quelques métiers : horreur ! On enferme les filles dans des rôles préétablis en les forçant à choisir à peu près librement ce qu’elles veulent !

Nous avons connu par le passé deux générations de droits des femmes. Après la seconde guerre mondiale, les discriminations ont été retirées des lois. Dans les années 1970, des droits spécifiques leur ont été accordés, comme la contraception et l’IVG. Nous sommes maintenant à une troisième étape. Pour obtenir l’égalité, il faut agir sur les mentalités.

Étape 1 : fin des discriminations. Étape 2 : reconnaissance de droits spécifiques, liés aux spécificités du beau sexe. L’étape 3, c’est donc de supprimer toute différence entre hommes et femmes dans les faits alors que ces différences ne résultant plus que des comportements et choix individuels. Comment s’y prendre ?

En premier lieu à l’école. Un module de formation à l’égalité et à la déconstruction des stéréotypes sera obligatoire dans les futures écoles supérieures du professorat, et dans la formation des autres personnels de l’éducation. Les enseignants pensent de bonne foi qu’ils se comportent de la même façon avec les deux sexes, mais toutes les études montrent qu’ils créent plus d’interactions avec les garçons, développant chez eux davantage que chez les filles des qualités précieuses dans le monde du travail. Pour les élèves, un apprentissage de l’égalité sera mis en place de la fin de la maternelle à la fin du primaire. Il sera expérimenté dans cinq académies en 2013, puis généralisé en 2014. Enfin, l’éducation à la sexualité deviendra effective : il ne s’agit pas de parler de pratiques, mais d’apprendre l’égale dignité et le respect entre les sexes.

Toues les études montrent que les enseignants interagissent plus avec les garçons et que les filles sont ainsi pénalisées dans le monde du travail, où elles auront sans doute, par désespoir, renoncé à lever la main pour solliciter l’attention de leur supérieur… Il faut donc apprendre aux enseignants à déconstruire les stéréotypes et soumettre aux élèves un apprentissage de l’égalité – et surtout, de la sexualité, pour leur apprendre la dignité et le respect. Mais le pire outrage fait aux femmes, c’est, bien entendu, le recours à la prostitution, c’est-à-dire leur laisser jouir librement de la propriété de leur corps :

Mon propos est abolitionniste. En résumé, la prostitution est une violence faite aux femmes et il faut la faire reculer. Évidemment, elle ne va pas disparaître totalement. […] Je réaffirme que l’achat de services sexuels systématisé est incompatible avec l’égalité entre les sexes.

Dernier cheval (ou dernière jument, dans un souci de parité) de bataille, les salaires :

Un nouveau décret paraîtra dans les prochains jours afin de faire enfin appliquer la loi. Nous passons d’un contrôle aléatoire des inspecteurs du travail sur place à un contrôle systématique sur pièce. Les entreprises devront envoyer aux directions régionales du travail leur plan pour l’égalité, qui seront examinés systématiquement. Si elles ne se mettent pas en conformité, elles paieront les pénalités, jusqu’à 1% de la masse salariale.

Oui, oui, un plan pour l’égalité, examiné systématiquement à la kommandantur régionale du travail, permettra enfin d’atteindre enfin une égalité des salaires – dont deux tiers s’expliquent « par des différences dans les carrières », mais passons. Ce qui est bien avec Najat Vallaud-Belkacem, c’est qu’à la différence d’autres ministres qui tentent de dissimuler ce qu’il y a de nauséabond dans leurs actions, elle ne dissimule pas ses convictions constructivistes :

Les politiques publiques sont là pour construire un projet de société.

Construire un projet de société, c’est-à-dire imposer une vision de la société, c’est le rôle qu’elle s’est fixé. Espérons que, très rapidement, les filles choisiront de devenir maçon plutôt que coiffeuse, que les enfants auront des relations sexuelles empreintes de dignité et de respect mutuel, qu’hommes et femmes seront payés de la même façon au centime près (quelles que soient leur productivité, leurs contraintes et leurs aspirations personnelles), que femmes et hommes s’émanciperont et que tous les ministres et projets de loi soient féminismo-compatibles ; sinon, de nombreuses lois, comités, agences veilleront toujours plus ardemment sur notre égalité, au prix de notre liberté.