Le genre contre les "inégalités"

Un texte intéressant sur l'égalité et le genre :

Le « genre » : contre des « inégalités » réelles ou fantasmées ?

samedi 28 décembre 2013, par Epsilon

Don Quichotte s’est battu contre des « géants » : c’étaient des moulins à vent.

Résumé

Lorsqu’on examine factuellement les griefs féministes, une indulgence monumentale est indispensable pour leur trouver un semblant de consistance. Les stéréotypes d’une longue histoire d’oppression relèvent d’un anachronisme primaire. Les « inégalités » actuelles dénoncées avec véhémence évitent soigneusement les réalités criantes qui les réduisent à néant. S’il existe, dans la civilisation occidentale, une inégalité entre les sexes, celle-ci s’exerce clairement au détriment de sa partie masculine.

Analyse

La femme au foyer
L’un des reproches les plus emblématiques du féminisme est l’assignation aux tâches ménagères d’une femme cantonnée à la maison alors que son mari va joyeusement exercer une activité professionnelle gratifiante.
Rappelons que ce fantasme n’a tout simplement aucun fondement dans une société rurale : il faut n’avoir jamais mis les pieds dans une ferme pour soutenir une telle fiction. Les tâches sont réparties selon les possibilités de chacun : les travaux pénibles demandant la force pour les hommes, la tenue de la maison et des comptes, et le cas échéant la rencontre des clients au marché pour les femmes. C’était le lot d’environ 80% de la population jusqu’à la révolution industrielle, hier à l’échelle de l’histoire.
Et pour les citadines, le statut de femme au foyer qui se dégage désormais des travaux des historiens [1] en fait une position enviable jusque tard dans le 20ème siècle.
L’industrialisation apporte effectivement des changements au 19ème : E. Zola décrit par exemple dans Germinal le lot des hommes au fond des mines ; plus proche de nous, Les temps modernes de Chaplin peuvent difficilement faire passer la vie laborieuse de l’homme comme un modèle d’épanouissement personnel.
De nos jours les choses ont changé et il est possible d’exercer quantité de métiers dans de bonnes conditions. Mais là encore les femmes seraient cantonnées aux métiers subalternes et les hommes bénéficieraient outrageusement des activités « à forte valeur sociale ajoutée » [2]. Les éboueurs, garagistes et cantonniers seront certainement ravis d’apprendre que leur métier est infiniment plus valorisant que ceux des femmes médecins, infirmières, enseignants ou juges, professions où elles dominent. Les candidats masculins au concours de médecine resteront perplexes en découvrant « l’injustice » faite à leurs condisciples féminines, deux fois plus nombreuses à le réussir [3].
La différence de salaire
Concernant les études sur cette question, on est contraint de s’interroger sur l’objectivité de leurs auteurs. Comment prétendre à l’impartialité en ignorant sciemment des parties essentielles du tableau ? Tout d’abord cette « différence » est simplement fausse dans la fonction publique. Dans le secteur privé, il faut prendre en compte la disponibilité et l’investissement personnel. L’incantation « A travail égal, salaire égal » est une injustice criante s’il est question de rémunérer de la même manière le cadre fidèle à plus de 50h par semaine, régulièrement envoyé en missions plus ou moins éloignées pour des durées variées, et la femme à la carrière interrompue par des maternités, qui s’absente épisodiquement aux moments les moins opportuns, et tend à se limiter aux 35h hebdomadaires. On peut se réjouir qu’une jeune mère dispose d’un congé qui reconnait le chamboulement d’une naissance [4], et qu’elle dispose de privilèges pour s’occuper de ses enfants : c’est la reconnaissance d’un service inestimable. Mais l’homme qui s’investit est souvent un mari qui s’efforce de protéger sa famille et de lui apporter le meilleur, et ce serait une pure injustice de ne pas reconnaitre son travail. Fort heureusement les employeurs disposent encore d’une certaine liberté pour lier la rémunération à l’apport de leurs collaborateurs.
La différence d’accès aux postes à responsabilité

Pour ce qui concerne les postes à responsabilité dans les grandes entreprises privées, il me semble qu’un investisseur n’a pas d’état d’âme à choisir celui / celle qui se montrera plus efficace. Concernant les mandats électoraux, on doit par contre reconnaitre une profonde injustice causée par la récente loi sur la parité : les hommes sont cruellement désavantagés. Trouver un nombre suffisant de candidates est souvent un véritable casse-tête au regard de la disproportion manifeste des militants.
Le droit de vote
Voilà bien la preuve éclatante du refus manifeste des hommes de laisser les femmes exercer leur droit ! Ben non justement. Tout d’abord le droit de vote n’existe pas dans une société monarchique, ce qui est le cas en France jusqu’à la fin du 18ème. Le 19ème voit quant à lui quelques tentatives fugaces mais se caractérise essentiellement par un suffrage censitaire limité. La troisième république rétablit le droit de vote mais doit gérer un pays occupé par une armée étrangère : ce n’est clairement pas le temps des bouleversements de société : elle reste sur le modèle « une famille, un vote ». Au sortir de la grande guerre, comment prendre une telle mesure sans insulter ceux qui ont été livrés à une boucherie et décimés dans des proportions inconnues jusqu’alors ? Le front populaire de 1933 a la possibilité d’ouvrir le droit de vote aux femmes mais laisse passer l’occasion. Il faut attendre qu’un certain général l’impose avant de se retirer pour que les femmes puissent enfin voter en France. Malgré l’opposition d’une classe politique socialisante.

http://www.enseignants-pour-enfance.org/spip.php?article74