École : quand le sexisme fait rage ! Groaaar !

Publié dans contrepoints.org

le 25 août 2013 dans Édito

Il n’y a maintenant plus aucun doute à avoir : si les administrations françaises semblent accélérer sur le chemin cahoteux du n’importe quoi, et si le gouvernement montre des signes clairs d’hésitation voire de panique sur bien des sujets, rien n’équivaut la totale perte de contrôle qu’on constate sur l’Éducation Nationale. Le désastre prend des proportions bibliques.

La presse en parle peu.

Ce sont les vacances, et la rentrée sera l’occasion, peut-être, de revenir sur le sujet moyennant un ou deux éditos un peu mou, quelques citations de ministres et une déclaration de l’une ou l’autre association de parents d’élèves. Ensuite, on reparlera fournitures, poids des cartables, introduction des nouvelles technologies à l’école et autres marronniers de circonstance.

Pourtant, l’obstination pathologique de quelques-uns, à commencer par Peillon et Vallaud-Belkacem, semble porter ses fruits pourris : l’Éducation Nationale va, dès la rentrée prochaine, introduire de bon gros morceaux d’études du genre sous couvert d’égalitarisme dogmatique.

Contrepoints le notait déjà à la fin de l’année scolaire précédente : grâce au rapport du SNUIPP (du 15 mai 2013), on apprenait en 193 lourdes pages de réflexions théoriques que l’école serait le prochain champ d’expérimentation pour de nombreux professeurs visant à engager leur classe dans la « lutte contre l’homophobie et les stéréotypes du genre ». Depuis mai, de l’eau a coulé, et Le Figaro du 19 août dernier nous apprend que, ce qu’on ne trouvait au départ que dans ce document syndical, on le retrouve globalement dans un rapport de l’Inspection Générale de notre Édulcoration Nationale, remis à Peillon et publié dernièrement.

Il y a de quoi lire, il y a de quoi rire, il y a de quoi frémir, et ce, dès la troisième page, à laquelle le carpet-bombing idéologique commence, avec un avertissement ressemblant furieusement à une excuse plate pour avoir employé le masculin-pluriel des grades et fonctions comme le veulent les règles grammaticales françaises (inégalitaires, pachydermiquement sexistes et gravement genrophobes).

Une fois la page de garde franchie, s’ouvre un vaste Luna Park lumineux, festif, citoyen et bruyant de concepts croustillants, de recommandations étonnantes et d’évidences camouflées dans un sabir méticuleusement dosé pour faire passer une pilule qui, si elle était présentée brutalement, manquerait de faire s’émouvoir quelques parents rétrogrades, ceux-là même qui ont encore, imbéciles conservateurs, la honteuse prétention d’inculquer la lecture, l’écriture et le calcul à leur progéniture. Et ça, des parents qui s’émeuvent, qui alertent la presse, qui bondissent devant les conneries consternantes qu’on tente de faire passer dans le crâne de leurs mômes, on voudrait éviter au maximum. Que voulez-vous : la fuite vers le privé a tendance à se voir, et accroît encore l’écart des heureux rescapés avec la marmaille décérébrée soumises aux bidouilleurs de l’EdNat.

En quelques 109 pages d’une prose rigolote comme un annuaire dont certains paragraphes ont été manifestement confectionnés à la truelle, le rapport (écrit par 6 femmes et 2 hommes seulement, l’égalité, c’est pas maintenant) nous propose un état des lieux de l’égalité Fille / Garçon dans les établissements scolaires. Surprise bouleversante : le constat est sans appel, puisque l’inégalité se niche partout. Le rapport est dès lors – et c’est stupéfiant – très favorable à l’aplanissement égalitariste des sexes qui dépassent.

Poussant sous le tapis et avec brio les enquiquinantes réalités de terrain constatées partout dans le monde (par exemple, les femmes s’obstinent à ne pas faire d’informatique et se bousculent dans le droit, partout dans le monde, c’est vraiment indécent !), l’épaisse littérature de l’Inspection bondit sur l’évidente conclusion : c’est rien que la fotalaculture. Partout dans le monde. Oui oui. Et pour le reste, on a encore cette délicieuse impression de relire ces déjà vieilles études mal boutiquées et pratiquées à l’emporte-pièce par la fine fleur des « sociologues » de l’école française de sociologie, c’est du Français, c’est du Made In France, c’est de la qualité française, etc… Pas de doute, les profs traitent les garçons « de manière préférentielle, tout en étant convaincus d’être parfaitement équitables » (même quand ce sont des femmes, traîtresses !) ; les filles recevraient plus de questions fermées, gnagnagna, et les garçons seraient mieux considérés, gnignigni.

« Quels que soient les injonctions et les efforts, les progrès sont restés modestes »

Et le rapport de constater, tristement, que malgré tous les efforts entrepris depuis tant d’années, les filles ne se bousculent toujours pas dans les filières scientifiques et techniques (zut et rezut). Et s’il en est ainsi, ce n’est pas parce qu’il y aurait, à la base, une tendance naturelle des uns et des autres à s’orienter ainsi, mais c’est évidemment parce que ces efforts n’ont pas été assez fort. Tout ceci nous rappelle des postures similaires, pour d’autres problèmes, avec les mêmes résultats…

 

 

À vue de nez, je pense que ce rapport, s’il est vraiment lu, sera chaudement accepté par le corps enseignant français, qui y passe pour une belle bande de gros machos ou de trop mous de l’orientation. C’est très diplomatiquement enrobé, mais c’est exactement ce que ça veut dire.

La racine du mal ? Fastoche. « Les stratégies des élèves sont largement influencées par leur appartenance de genre » Eh oui, que voulez-vous. Kevin est un gros lourd qui refuse de devenir sage-femme. Et Jennifer s’entête à devenir infirmière alors qu’un poste de grutier l’attendait pourtant de façon évidente ! Vraiment, ce monde est désespérant qui ne veut pas s’adapter à l’égalitarisme au cordeau de nos fiers inspecteurs.

Cependant, malgré la déception décelable dans leurs propos, la fine équipe d’inspectrices / sociologues / constructivistes se prend à aligner quelques recommandations qui commencent à partir de la page 84. C’est, véritablement, un feu d’artifice. Chaque paragraphe pourrait faire l’objet d’un billet séparé.

 

Mais pour se concentrer sur l’essentiel, retenons en substance qu’il faut « qu’au plus tôt dans le parcours scolaire les stéréotypes de genre soient déconstruits et mis à distance ». Ah, qu’elle est belle, la formulation de la frétillante équipe ! On goûtera la déconstruction des stéréotypes de genre, avec la petite clef de 12, le petit tournevis, le marteau en caoutchouc, couic couic, c’est mignon. On déconstruit les enfants, parce que « détruire les stéréotypes », c’est trop violent (la violence ne passera pas par nous : le tabassage se fera avec des battes de baseball, certes, mais recouvertes de mousse). Et puis, une fois tout ceci détruit déconstruit, on va « mettre à distance ». C’est-à-dire éloigner, ostraciser le méchant stéréotype de genre qui fait tant de mal à la société ! Regardez comme la société allait mal il y a dix, vingt ou trente ans ! Regardez les progrès déjà visibles, les vagues bouillonnantes de bisous baveux qui s’accumulent maintenant qu’on s’attaque à ce vrai problème à l’école ! C’était donc indispensable !

Autre recommandation : en plus de la multitude d’impératifs pédagogiques déjà présents, d’une avalanche de matières toutes plus indispensables les unes que les autres en plus des matières qu’une époque arriérée qualifiait bêtement de fondamentales, en plus de l’impératif civique, citoyen, festif, démocratique et aplanissant, on aura droit à cette fumisterie supplémentaire. En effet, les programmes ont « insuffisamment intégré la question du genre » (on se demande bien pourquoi, tiens !) ; il reste encore trop de lecture, d’écriture et de calcul ! On passe trop de temps sur l’histoire, la géographie et les mathématiques et pas assez à expliquer qu’un homme a le droit de porter une robe bien au-delà de l’Écosse, de se faire appeler Gertrude dès son plus jeune âge et de fréquenter les vestiaires des filles pour d’autres motifs bien plus avouables qu’une concupiscence mal placée.

Chaque page de ce rapport est un monument au constructivisme social le plus débridé, au découpage du sexe des anges en quatre pour mieux justifier de sa propre existence, une véritable ode à l’injection d’argent gratuit des autres dans les mains de gens très clairement dérangés (et bientôt dégenrés) auxquels on aura accordé bien trop d’attention et de pouvoir. À titre d’édification, je vous encourage à lire les pages de l’annexe 4 du rapport (p.94 et suivantes) qui recensent quelques actions locales, prouvant s’il le fallait que ces lubies ne sont plus théoriques, mais clairement mises en pratique, déjà, à l’heure qu’il est.

Dans une école de la République où le niveau dégringole toujours plus vite d’année en année, il n’était vraiment, mais alors vraiment pas utile d’ajouter ces foutaises sociologiques bancales au corpus de savoirs que l’enseignant, déjà débordé, doit faire passer à ses élèves. Mais à voir ce qui est déjà entrepris, l’inertie de la machine est telle qu’il y aura déjà des dégâts.

Et vu le peu de cas que semblent en faire les médias, au mieux muets, au pire délicieusement favorables à la cause, pas de doute : ce pays est foutu.

 

Des liens :

http://www.gallup.com/poll/178484/americans-prefer-male-boss-female-boss.aspx

http://www.atlantico.fr/pepites/enseignantes-femmes-notent-moins-bien-garcons-que-filles-ecole-etude-290774.html#FhMs27307Cx7kZSJ.99